vendredi 26 mars 2010

Prix des Spécialistes de la Fragrance Foundation France: Je vote



Aujourd’hui, dans le cadre du Grand Prix du Parfum 2010, je siège au jury du « Prix des Spécialistes » de la Fragrance Foundation France, qui récompensera un parfum lancé en 2009 et proposé dans moins de cent points de vente. Sept autres prix (meilleur parfum, meilleur flacon, meilleure campagne, etc…) seront décernés par le public, appelé à voter via Osmoz et le site de Marie-Claire auprès de la Fragrance Foundation. Deux « Prix des Parfumeurs » (meilleur féminin, meilleur masculin) ainsi qu’un « Prix Coup de Cœur » de la rédaction de Marie-Claire seront également décernés. Onze prix au total, donc : largement de quoi faire des heureux.

Le « jury des spécialistes » se compose de cinq journalistes, huit évaluatrices des grandes sociétés de composition et trois autres bloggers français : Juliette de Poivre Bleu, Sixtine d’Ambre Gris et Méchant Loup d’Olfactorum, qui sera l’unique membre masculin du panel puisque pour des raisons que j’ignore entièrement, Octavian Coifan de 1000 fragrances, pourtant le plus spécialiste d’entre les bloggers français, n’a pas été convié…

La Fragrance Foundation nous a fait parvenir une liste de 50 présélections issues soit de marques de niche, soit des collections « exclusives » de grandes maisons. On nous a demandé d’en choisir cinq. Pour mon compte, ça a été vite vu :

Géranium pour Monsieur de Dominique Ropion pour Frédéric Malle, pour sa façon de renouveler le genre fougère et pour sa fascinante structure en vortex ;

Un Matin d’orage d’Isabelle Doyen et Camille Goutal pour Annick Goutal, encore une fois parce qu’il renouvelle un genre, en l’occurrence le floral ozonique, avec d’étonnants effets naturels et humides, et parce qu’il me semble représenter une étape nouvelle, plus pointue, dans le travail d’Isabelle pour Goutal ;

Havana Vanille de Bertrand Duchaufour pour L’Artisan Parfumeur pour sa structure d’une intelligence impeccable, son regard inédit sur un accord maintes fois rebattu et parce qu’il est exemplaire du nouveau style de son auteur (Amaranthine de Penhaligon’s, qui me semble encore mieux réussi en ce sens-là, ne figurait pas parmi les 50 présélections) ;

XII – L’Heure Mystérieuse et XIII – La Treizième Heure par Mathilde Laurent pour « Les Heures de Parfum » de Cartier, parce qu’il me semble que Mathilde développe une nouvelle grammaire de composition ; ces parfums ont des structures et des effets suffisamment différents pour justifier l’inclusion des deux.

De cette sélection personnelle, je ne porte ni Géranium pour Monsieur (cette menthe ne me ressemble pas) ni Un Matin d’Orage (je suis hyperosmique à l’un des matériaux et je dois effectuer une sorte de remise au foyer olfactive pour l’apprécier) ; en revanche, je porte quatre des parfums de la présélection sans les avoir choisis ; il y en a encore bien d'autres, sur les 50, que j'ai beaucoup aimés. D’excellentes compositions ont pu m’échapper parce que je ne les ai pas suffisamment portées/analysées. Et j’ai énormément regretté de ne pas avoir inclus Oriental Lounge de Céline Ellena pour The Different Company dans ma liste : je me suis longuement demandé lequel des deux Cartier je devrais retirer (je les trouve tous deux remarquables) sans arriver à trancher, et je ne pouvais pas éliminer Ropion, Doyen ou Duchaufour, que je considère tous trois comme des auteurs importants. Mais c’est la loi du genre et des prix. Cliquer sur « envoyer »…

Au moment où j’écris ceci, j’ignore si l’un des mes candidats figurera sur la liste de cinq finalistes, mais en réfléchissant aux motivations de mes choix, j’entrevois une ligne directrice : j’ai sélectionné des parfums qui proposaient des structures intelligentes et innovantes, qui marquaient un jalon dans l’œuvre de leurs auteurs ou pour les maisons qui les ont lancés, et qui n’étaient pas « jolis » au sens convenu du terme. Des parfums qui exprimaient la liberté de création plutôt qu’un désir de flatter les goûts de la clientèle (bien qu’on puisse tout à fait réussir sur les deux tableaux) ou une volonté de s’imposer sur le marché des parfums de niche ; qui n’étaient pas simplement une expression de ce que le parfumeur/le directeur artistique/le propriétaire de la marque savent bien faire – parfums qui peuvent être excellents, au demeurant, mais qui ne font pas avancer le dossier.

Je suis très curieuse de savoir comment les discussions d’aujourd’hui vont se dérouler. Je doute de pouvoir en dévoiler le contenu ou le résultat, mais je reviendrai vous faire part de la liste des cinq finalistes et de la date où le gagnant sera officiellement annoncé – les prix de la Fragrance Foundation seront remis le 8 avril. Donc, à suivre.


Les lauréats seront annoncés le 9 avril. Jusque là, motus.





Image tirée du film The Women de George Cukor (1939).


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